Jean Prouvost (
Roubaix, Nord,
24 avril 1885- (
Yvoy-le-Marron,
18 octobre 1978), est un industriel et patron de presse français.
Biographie
Né dans une famille d’industriels du Nord, fils d'Albert-Félix Prouvost, président du Tribunal de Commerce de Roubaix, et de Marthe Devémy, Jean Prouvost reprend l’entreprise familiale (peignage Amédée Prouvost) qu’il enrichit et transforme. Il crée ensuite l'entreprise de filature
La Lainière de Roubaix, qui se situe rapidement au premier rang de l’industrie textile européenne.
Après la Première Guerre mondiale, Jean Prouvost s’intéresse aux entreprises de presse. En 1924 il achète Paris-Midi, qui tire alors à 4 000 exemplaires. Six ans plus tard, grâce à une politique commerciale et rédactionnelle audacieuse, le tirage atteint les 100 000. En 1930, il rachète Paris-Soir. Il y introduit des méthodes qui ont fait leurs preuves aux États-Unis : mise en valeur de gros titres à la une, photos spectaculaires, qualité du papier, et surtout transformation du contenu du journal. Il recrute les meilleurs journalistes (dont Pierre Lazareff, Paul Gordeaux et Hervé Mille) et s’assure la collaboration occasionnelle de grands noms de la littérature : Colette couvre les faits divers ; Jean Cocteau fait le tour du monde pour le journal ; Georges Simenon enquête sur des affaires criminelles retentissantes. Il utilise comme correspondants de guerre Blaise Cendrars, Joseph Kessel, Antoine de Saint-Exupéry, Gaston Bonheur,Paul Gordeaux. A l’occasion les envoyés spéciaux sont Maurice Dekobra, Pierre Mac-Orlan, Pierre Daninos. De 70 000 exemplaires en 1930, le tirage de Paris-Soir monte au chiffre considérable de 1 700 000 en 1936. Jean Prouvost constitue bientôt un véritable empire comprenant Marie-Claire, magazine féminin racheté en mars 1937, et Match (journal sportif), en 1938.
Durant la Seconde Guerre mondiale, alors que la France est largement envahie et à la veille de déposer les armes, Jean Prouvost devient, le 6 juin 1940, ministre de l’Information dans le gouvernement Paul Reynaud, puis le 19 juin haut commissaire à l’Information dans le gouvernement Pétain, poste dont il démissionne le 10 juillet 1940, alors que Pétain reçoit les pleins pouvoirs.
Pendant l’Occupation, deux Paris-Soir coexistent : celui de Paris, désavoué par Jean Prouvost et ses collaborateurs soutient la collaboration, tandis qu’un autre paraît à Lyon, à la ligne équivoque, et qui finit par se saborder. Durant cette période, Jean Prouvost se fait détester aussi bien par le Régime de Vichy que par la Résistance. Â la Libération il est frappé d’Indignité nationale, mais la Haute Cour de justice lui accorde un Non-lieu en 1947.
Après cette date, Jean Prouvost entreprend la reconstruction de son empire démantelé à la Libération (Paris-Soir, devenu France-Soir, ne lui appartient plus). Match renaît sous le nom de Paris-Match ce Paris fut rajoute a Match par Paul Gordeaux premier redacteur en chef du magazine et Marie-Claire reparaît en 1954. En 1950, le groupe Prouvost-Béghin rachète la moitié des actions du journal Le Figaro. En 1960, Jean Prouvost achète Télé 60 dont il fait Télé 7 Jours, journal de télévision qui connaît un énorme succès (3 millions d’exemplaires en 1978), tandis que décline Paris-Match, magazine illustré concurrencé par l’Audiovisuel.
En 1966, Jean Prouvost s’intéresse à la radio et entre pour une part importante dans le capital de Radio-Télé-Luxembourg.
À partir de 1970, l’empire Prouvost entre dans une période de difficultés. En juillet 1975, Le Figaro est vendu à Robert Hersant, tandis qu’en juin 1976, Télé 7 Jours passe au groupe Hachette, Paris-Match est repris par le groupe Filipacchi et France Soir par Opera Mundi. À la mort de Jean Prouvost, survenue en octobre 1978, seules les publications féminines restent dans sa famille.
Vie privée
Il avait épousé Germaine Lefebvre.
Bibliographie
- Barillon (Raymond), Le cas Paris-Soir, Paris, A. Colin, Col. Kiosque, 1959.
- Boegner (Philippe), Oui Patron.
- Hanoteau (Guillaume), La fabuleuse aventure de Paris-Match.
- Encyclopaedia universalis. Universalia, 1979.